Le 21 février 2021, le peuple nigérien s’est exprimé à travers les urnes, afin de départager les deux candidats qualifiés pour le deuxième tour de l’élection présidentielle. Cette élection, devrait conduire à la première transition par les urnes de l’histoire du Niger et a donc attiré l’attention de tous les citoyens et de la communauté internationale.
Après le Forum organisé par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) à l’entre deux tours, plusieurs recommandations ont été faites pour améliorer le déroulé du deuxième tour des élections présidentielles et corriger les imperfections qui ont caractérisé le premier tour. Outre les recommandations issues du forum de la CENI, les partis politiques de l’opposition et la société civile à travers le rapport de l’OPELE, ont également demandé la sécurisation de certaines zones où la tenue d’un vote équitable semble presque impossible : des urnes braquées, des électeurs agissant comme des « grands électeurs », des chefs traditionnels et religieux qui agissent au nom et pour le compte de tout le monde, des urnes bourrées et des remplacements de procès-verbaux à la sortie des bureaux de vote.
Ces agissements gravissimes auraient dû attirer l’attention des hautes autorités de la république afin de sécuriser le scrutin du 21 février 2021. Pire, à ces agissements s’ajoutent des appels à la haine provenant des deux camps et d’autres violations graves du Code électoral et de la Constitution.
Si les discours dits haineux ont été condamnés par le bureau du ministère public, qui n’a pas tardé à rappeler les dispositions du code pénal sanctionnant ces actes, rien n’a été fait en revanche pour lutter contre les autres formes de distorsion du processus électoral. L’application sélective de la Loi est un facteur important de violence électorale, surtout dans le contexte politique déjà polarisé et tendu du Niger.
Bien que la CENI ait annoncé avoir travaillé à l’éradication des irrégularités, de graves manquements et violences ont caractérisé le scrutin du second tour. Ces dernières ont donné lieu à des manifestations spontanées, suite à la proclamation des résultats globaux provisoires par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) déclarant provisoirement Mohamed Bazoum vainqueur avec 55 ,75% des voix. L’opposition rejette en bloc les résultats et revendique la victoire de Mahamane Ousmane avec un score de 50,30%. Le pouvoir en place a procédé à alors de nombreuses arrestations et à la restriction des libertés individuelles par la coupure de réseau internet depuis le mardi 23 février à minuit.
Face à cette situation inédite dans l’histoire du Niger, TLP-Niger :
- Rejette toute forme de violence, d’où qu’elle vienne, tendant à détruire les biens publics et privés ;
- Présente ses condoléances aux familles endeuillées suite aux pertes en vies humaines subies pendant le scrutin et lors des événements ayant suivi la proclamation des résultats ;
- Apporte son soutien à tous ceux qui ont vu leurs biens détruits ou vandalisés lors desdites manifestations ;
- Demande au ministre de l’intérieur de cesser immédiatement les arrestations et la persécution des militants et des leaders politiques afin de faire redescendre rapidement la tension ;
- Encourage la Cour Constitutionnelle à jouer son rôle primordial en matière électoral de manière totalement indépendante, afin que la volonté populaire soit respectée ;
- Informe l’opinion nationale et internationale de son intention de s’associer aux organisations de la société civile pour porter plainte contre l’État et les compagnies de téléphonies ayant coupé sans préavis, la connexion internet ;
- Fustige le deux-poids deux-mesures du ministère public en concernant la poursuite des actes frauduleux en lien avec le processus électoral ;
- Exige la libération de tous les détenus politiques.
Fait à Niamey le 2 mars 2021
Le coordinateur national
Maikoul Zodi