Depuis le 20 octobre 2022, le Tchad vit une situation désastreuse. Une situation qui rappelle au peuple tchadien les massacres subi sous la dictature implacable de l’ancien président, feu Hissein Habré, appelé jeudi noir. Les tchadiennes et tchadiens, les mains nues qui protestaient contre la prolongation de la transition pour 24 mois, avec le maintien du général Mahamat Idriss Deby Itno au pouvoir, ont été massacrés par les forces organisées, à savoir : les éléments du Groupement Mobile d’Intervention de la Police (GMIP), les éléments de l’Unité Spéciale d’Intervention de la Police (USIP), la Garde Nationale et Nomade du Tchad (GNNT), la Gendarmerie Nationale, et les éléments de la Direction Générales de la Sécurité, des services et Institutions de l’Etat (DGSSIE), faisant de centaines de morts, plus de milliers de blessés et des arrestations arbitraires. Même les femmes et les jeunes filles qui s’exhibaient en public pour exprimer leur mécontentement n’ont pas été épargnés par les forces du 3ème degré. En outre, il y a des personnes habillées en tenue civile, dans des voitures aux vitres fumées, tirant à bout portant sur les manifestants. Les jeunes arrêtés et gardés dans des lieux de détentions extra-judiciaires continuent à mourir de suites de torture, de soif et de faim mais aussi par manque des soins appropriés, pour les blessés. Selon des sources concordantes, sept (07) corps auraient été repêchés du fleuve Chari qui côtoie la ville de N’Djamena.
Même les salles de classes des écoles communales et officielles d’Abena dans la commune du 7ème arrondissement municipal de la ville de N’Djamena, lieux où nos enfants apprennent la sagesse et l’intelligence sont transformées en prison comme au temps de la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS).
Depuis cette date fatidique, l’on assiste également à des enlèvements des personnes pour des destinations inconnues. Des centaines des détenus sont déportés vers des prisons de Moussoro et Korotoro, mais le gouvernement de Saleh Kebzabo, droit dans ses bottes, continue à démentir cette information, alors que plusieurs sources indiquent que ces détenus sont bel et bien déposés à Moussoro et en train d’être transférés à la prison de haute sécurité de Korotoro.
Les organisations de la société civile notent avec pincement au cœur et une gorge serrée, le refus des autorités de transition de restituer les corps des personnes abattues par balles pour être inhumés dignement alors que ces corps sont en état de putréfaction. Pour preuve, plus d’une quinzaine de corps jonchent le sol de la morgue de l’hôpital Tchad-Chine, ex -hôpital la Liberté. Les organisations de la société civile, signataires de cette déclaration exigent des autorités judiciaires la libération immédiate de tous les détenus en général et les blessés en particulier pour bénéficier des soins. D’arrêter immédiatement les exécutions sommaires, et des tirs sporadiques de provocation traumatisant les enfants dans les quartiers.
Que les hommes politiques arrêtent d’utiliser des fibres ethniques et communautaires pour diviser davantage les tchadiens.
Ces évènements confirment le terrorisme d’Etat dénoncé par les organisations signataires de cette déclaration. Celles-ci exigent la publication de la liste de tous les détenus ainsi que leur lieu de détention afin de situer les familles. Que la lumière soit faite sur toutes les personnes portées disparues depuis le 20 octobre 2022.
Fait à N’Djamena le 24 octobre 2022
Les organisations signataires
N° |
Organisations |
Responsables |
01 |
Association Tchadienne pour la Promotion et la défense des droits de l’Homme (ATPDH) |
DJEKOURNINGA K. Lazare, Vice-Président |
02 |
Association des Femmes pour le Développement et la Culture de la Paix au Tchad (AFDCPT) |
NARMADJI Céline, Présidente |
03 |
Tournons la Page Tchad (TLP) |
Jacques NGARASSAL, Coordonnateur National |
04 |
Public Interest Law Center (PILC) |
Me Delphine KEMNELOUM DJIRAIBE, Avocate principal |
05 |
Mouvement Citoyen pour la Préservation des Libertés (MCPL) |
Sosthène MBERNODJI, Coordonnateur National |