Powered by TNTSearch

Opérations militaires françaises au Sahel : un changement de cap toujours sans consultation ni contrôle démocratique
Communiqué  Posté le 08:13 24-05-2023, modifié le 08:13 24-05-2023 par Tournons la Page

23/05/2023 - 2500 militaires français au Sahel mais pour autant, « il n’y a pas d’opération française » selon le général Bruno Baratz. L’après Barkhane semble persister dans son manque de transparence et de consultation parlementaire. 


Lors d’une interview le 23 mai 2023 au micro de RFI du général et commandant des forces françaises au Sahel, Bruno Baratz, la réarticulation du dispositif militaire français au Sahel a été évoquée suite à l’arrêt officiel de l’opération Barkhane le 9 novembre dernier. Alors qu’une volonté de « débarkhanisation des esprits » est désormais à l’ordre du jour, 2500 soldats français sont toujours déployés au Niger et au Tchad. Nos organisations, actives au Sahel, s’interrogent sur le manque de clarté concernant le statut sous lequel opèrent ces soldats, et plus largement sur les évolutions stratégiques françaises dans une région marquée par un rejet croissant de sa politique.

Pour Robin Guittard, porte-parole du CCFD-Terre Solidaire : « Depuis 2014 et le lancement de l’opération Barkhane, les gouvernements français successifs ont donné l’impression de chercher à échapper au nécessaire contrôle démocratique à laquelle toute opération militaire extérieure devrait être assujettie dans n’importe quel système démocratique. L’opération Serval est devenue Barkhane sans vote du Parlement, or son périmètre d’intervention s’était étendu et ses objectifs diversifiés. Les autorités françaises semblent aujourd’hui encore disposées à maintenir 2500 soldats sur un théâtre d’opération extérieur sans préciser le statut sous lequel ils opèrent. Cette opération extérieure qui ne dit plus son nom reste pourtant aujourd’hui le plus gros contingent militaire français déployé hors de nos frontières : c’est notamment plus que les 500 militaires français présents en Roumanie depuis 2022 dans le cadre de l’opération Aigle suite à l’invasion russe de l’Ukraine. »

Pour Mathieu Pourchier, porte-parole de Tournons La Page : « Alors que la politique menée par la France au Sahel pendant 10 ans s’est révélée largement défaillante, c’est comme si nous ne tirions pas les leçons qui s’imposent. Il s’agit notamment du manque cruel de transparence, de débat et de contrôle démocratique dans les décisions et stratégies prises par la France depuis 2013. L’acceptation de la politique menée par la France ne peut se faire que si celle-ci fait l’objet d’un minimum de consultation et débat public. Cela devrait commencer par discuter du statut, du mandat et des objectifs poursuivis par les 2500 militaires présents sur place. »

Le changement de posture de la France en termes de coopération militaire (présence qui se veut discrète, logique d’accompagnement et de co-direction privilégiée, etc.) doit constituer une opportunité de faire preuve de transparence et de mettre en débat au Parlement l’évolution de ses opérations de coopération. 

« Nous appelons les parlementaires à jouer leur rôle de contrôle et de supervision des politiques publiques, y compris quand il s’agit de dossiers internationaux. Alors que celui-ci est en plein débat sur la loi de programmation militaire, c’est l’occasion d’interroger et de questionner la présence des forces françaises au Sahel. Et plus largement de poser un bilan franc de 10 années d’interventions françaises dans cette région. » précise Robin Guittard.