La société civile sénégalaise est montée au créneau pour dénoncer la disparition inquiétante de deux figures emblématiques de la lutte pour la démocratie en Guinée. Au cours d'un point de presse organisée à Dakar, le 9 août dernier, Tournons La Page Sénégal (TLP-Sénégal) a lancé un appel urgent à la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et à la Commission des Droits de l'Homme de l'Union Africaine.
Cet appel fait suite à l'arrestation arbitraire et à la disparition forcée d'Oumar Sylla, alias Foniké Menguè, coordinateur du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), et de Mamadou Billo Bah, responsable des antennes et de la mobilisation du FNDC et coordinateur de Tournons La Page Guinée (TLP-Guinée). Les deux activistes ont été arrêtés par des militaires encagoulés à Conakry le 9 juillet 2024, et depuis, aucun signe de vie n'a été donné. Un mois après leur arrestation, ni leur lieu de détention ni leur état de santé n'ont été communiqués.
Lors de cette conférence de presse, Alpha Bayo, membre de la société civile guinéenne en exil au Sénégal, a exprimé son inquiétude et a rappelé les circonstances des arrestations. « Après la fermeture des médias et la détérioration des conditions de vie, la société civile guinéenne a initié la campagne t-shirt rouge. C’est une campagne citoyenne qui se limitait que sur les réseaux sociaux. Cela a attiré l’attention du gouvernement. À la veille de la deuxième campagne, il y a eu des arrestations. Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah ont été arrêtés aux environs de 23 heures pour être conduits vers une destination inconnue. Ils ont été torturés. D’ailleurs, il y a des rumeurs sur la mort de nos camarades et nous avons peur. La répression que les Guinéens sont en train de vivre est excessive », a-t-il déclaré.
Alexandre Gubert Lette, coordinateur de TLP-Sénégal, a exprimé sa profonde préoccupation face à cette situation, qualifiant la disparition des deux activistes de « kidnapping ». Pour lui, cette affaire représente une grave menace pour toutes les voix libres et courageuses qui défendent la liberté et la justice en Guinée. « Nous ne pouvons rester silencieux face à une telle injustice. C’est pourquoi, en tant que membres de la société civile sénégalaise, nous tenons à exprimer notre entière solidarité avec les familles de Foniké Menguè et Billo Bah, leurs proches collaborateurs, ainsi qu’avec tous ceux qui luttent inlassablement pour la protection des droits humains et la démocratie en Guinée. Nous partageons leur douleur et leur angoisse, et nous nous engageons à soutenir leur quête de vérité et de justice », a-t-il affirmé. Toutefois, il a demandé aux autorités guinéennes de fournir des preuves que les défenseurs des droits humains sont en vie. « Il est impératif que les autorités guinéennes agissent de manière transparente et diligente pour clarifier les circonstances de leur disparition et garantir leur sécurité », a dit avec fermeté Alexandre Gubert Lette, avant de lancer un appel à la communauté internationale : « Nous interpellons également la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Commission des Droits de l’Homme de l’Union africaine, ainsi que l’ensemble de la communauté internationale. Il est crucial que ces instances agissent avec fermeté pour exiger des réponses des autorités guinéennes et assurer la protection des droits fondamentaux de tous les citoyens guinéens. Nous insistons sur le fait que cette affaire ne doit pas être étouffée ni oubliée. Il est de notre devoir de défendre les valeurs de liberté, de justice et de respect des droits humains non seulement au Sénégal, mais partout en Afrique. Nous resterons vigilants et solidaires jusqu’à ce que la lumière soit faite sur cette affaire ».