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Enlèvement de militants en Guinée : Appel à une intervention urgente de la CEDEAO
Lettre ouverte  Posté le 08:48 18-09-2024, modifié le 08:48 18-09-2024 par Tournons La Page

Dans une lettre officielle adressée à la Commission de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), le cabinet Bourdon & Associés, représentant le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), demande une intervention immédiate face à l’enlèvement et à la séquestration de deux leaders politiques guinéens. Le sort de Oumar Sylla (alias Foniké Mengué) et Mamadou Billo Bah, figures majeures du FNDC, reste mystérieux depuis leur arrestation musclée par des unités des Forces spéciales et du GIGN de Guinée le 9 juillet 2024.

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Une disparition inquiétante dans un climat de répression

D’après des témoins oculaires, les forces de sécurité guinéennes auraient violemment interpellé les deux hommes à leur domicile. À la grande surprise des familles et des défenseurs des droits humains, les autorités judiciaires guinéennes ont nié toute implication, déclarant qu’« aucune interpellation n’a été effectuée ». Cette ambiguïté, qualifiée de « gravissime » par les avocats des victimes, fait craindre le pire pour leur sécurité.

Les inquiétudes se multiplient, particulièrement dans un contexte où la répression contre les opposants politiques s'intensifie en Guinée. Des ONG internationales, telles qu'Amnesty International et l'Association Chrétienne pour l'Abolition de la Torture (ACAT), ont dénoncé à plusieurs reprises les violations systématiques des droits humains, notamment l'usage disproportionné de la force par les autorités lors des manifestations. Depuis 2020, ces répressions ont déjà coûté la vie à au moins 47 personnes, d'après un rapport d'Amnesty.

Un appel au réveil de la CEDEAO

Dans la lettre envoyée à Dr Omar Alieu Touray, président de la Commission de la CEDEAO, les avocats du FNDC expriment leur profonde « sidération face à l’absence de réaction » de la part de l'organisation régionale. Les signataires demandent instamment une action forte et immédiate pour faire pression sur les autorités guinéennes afin de retrouver les deux militants disparus et de rétablir un climat de respect des droits humains.

Le message adressé à la CEDEAO est sans équivoque : les avocats exhortent l’institution à retrouver sa crédibilité, surtout après les départs du Niger, du Mali et du Burkina Faso, qui ont affaibli son influence sur la scène politique ouest-africaine. « Le rôle de la CEDEAO est central pour peser sur les autorités guinéennes », est-il souligné, rappelant que la crise en Guinée pourrait devenir un nouveau test pour l'organisation, souvent accusée d'inaction face aux régimes autoritaires.

Un symbole des atteintes aux droits civils en Guinée

Le sort de Foniké Mengué et Billo Bah est symptomatique d’une situation politique de plus en plus tendue en Guinée. Ces arrestations s’inscrivent dans une logique de répression continue visant les figures de l’opposition, une stratégie d’intimidation dénoncée par plusieurs observateurs. Oumar Sylla, déjà arrêté à de multiples reprises depuis 2022, avait été relâché en mai 2023, avant d’être à nouveau pris pour cible en juillet de la même année. Il n’est pas le seul : d’autres militants du FNDC, comme Ibrahima Diallo et le rappeur Djanii Alpha, font régulièrement l'objet de harcèlements et de détentions arbitraires.

Une urgence pour l'avenir démocratique de la Guinée

Les avocats concluent leur lettre en demandant la libération immédiate des deux militants, soulignant que la CEDEAO doit impérativement agir pour éviter que ces disparitions forcées ne tombent dans l’oubli. Pour eux, la transition démocratique en Guinée ne pourra jamais être crédible tant que les autorités actuelles continueront à réprimer les voix dissidentes.

En attente de réponses concrètes, la lettre souligne que le silence et l'inaction risquent de mettre à mal la confiance des citoyens guinéens et d’autres pays de la région envers les instances internationales. Face à une telle situation, la CEDEAO devra démontrer si elle est capable d’assumer pleinement son rôle de médiateur en faveur des droits humains en Afrique de l’Ouest.