Tournons La Page Cameroun (TLP-Cameroun), Dynamique Citoyenne (DC) et la Centrale Syndicale du Secteur Public (CSP) ont rendu publique, le dimanche 15 septembre 2024, une déclaration conjointe sur le thème : « Echéances électorales 2025 au Cameroun : L’alternance démocratique est-elle possible ?». C’était à l’occasion de la Journée internationale de la démocratie.
La succession de Paul Biya, 91 ans dont plus de quarante-et-un à la tête du Cameroun, s’annonce comme un défi. L’élection présidentielle prévue pour octobre 2025 se déroulera dans un contexte de confiscation du pouvoir par le régime en place. « Tous les leviers sont ainsi mis en œuvre ; les médias publics et un grand nombre de médias privés sont pris en otage et utilisés pour promouvoir son programme, minimiser les critiques et tourner en dérision les propositions de l’opposition, de la société civile et des observateurs avertis ; l’administration publique, ses agents, y compris les autorités administratives et toute sa logistique sont mis à contribution ; l’armée et les forces de l’ordre (la gendarmerie et la police) se détournent de leurs missions régaliennes pour accompagner et assurer la sécurité des militants et des manifestations du parti au pouvoir, tout en semant la terreur dans les rangs de l’opposition et de la société civile. », ont déclaré les trois organisations. Dans un tel contexte, où l’un des piliers fondamentaux de toute démocratie qu’est l’expression libre de la volonté politique du citoyen n’est pas garantie, et où le libre choix des gouvernants qui constitue son principe de base est cyniquement dévoyé et bafoué de surcroît avec mépris, arrogance et condescendance, à quoi serviront les prochaines élections ? La réponse de TLP-Cameroun, de la DC et de la CSP est tranché. « Objectivement à rien », ont-elles répondu.
Réformes nécessaires pour un changement véritable
Au regard du tableau peu reluisant qui caractérise le processus de démocratisation en cours et l’état de la gouvernance publique au Cameroun, il est indéniable que toutes les conditions sont réunies pour une alternance démocratique pas très orthodoxe. La seule issue de sortie qui pourrait mettre le Cameroun à l’abri des différents désagréments qui ont cours dans certains pays Africains ces dernières années c’est l’engagement urgent de véritables réformes. Ainsi, TLP-Cameroun, DC et la CSP préconisent une réforme sur la base d’un programme en quatre phases à savoir :
- L’organisation des états généraux de la nation, avec pour résultats attendus :
- La mise en place des Commissions pour la révision de la constitution, du code électoral, le découpage administratif du territoire national ;
- L’adoption des résolutions exécutoires sur la réforme des institutions de l’État et l’organisation des secteurs économique et industriel, social et culturel, politique et diplomatique ;
- La mise en place d’une entité libre et indépendante en charge de l’organisation des élections et des consultations référendaires ;
- La mise en place d’un organe législatif transitoire dont le mandat sera limité au contrôle et suivi de l’action du Gouvernement transitoire.
- La mise en place d’un gouvernement de transition d’une vingtaine de personnes constitué essentiellement de technocrates issus des différents corps sociaux et désignés par leurs pairs selon la configuration suivante : les représentants du Gouvernement actuel, les représentants des Organisations de la société civile, les représentants des partis politiques, les représentants des confessions religieuses, les représentants de l’autorité traditionnelle, les représentants des travailleurs (syndicats), les représentants du secteur économique (patronat), et nommés par le Président de la République.
- L’organisation des élections libres et transparentes (référendum constitutionnel, élections municipales et régionales, élections sénatoriales et législatives, élection présidentielle) par la Commission Électorale Indépendante issue des états généraux de la nation et constituée des représentants des différents corps sociaux élus par les pairs.