Dans une interview accordée à Laurent DELCOURT du Centre tricontinental (CETRI) et coordinateur de l'ouvrage « BRICS : une alternative pour le Sud global ? », Agnès Adélaïde METOUGOU, membre de Tournons La Page Cameroun (TLP-Cameroun), a partagé ses réflexions sur le thème « Les BRICS+ et l’Afrique ».
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Dans son analyse sur les implications géopolitiques et économiques de la montée en puissance des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), Agnès Adélaïde METOUGOU rappelle les conditions extrêmement asymétriques dans lesquelles se trouvait le monde. Pour elle, « les pays d’Europe de l’Ouest, les États-Unis et le Japon représentaient à peine 20% de la population, mais contrôlaient les trois-quarts de la richesse mondiale ». « Les BRICS sont venus relativiser cette hégémonie en créant de nouveaux pôles plus ouverts et dispersés sur le globe terrestre. Avec ces nouvelles adhésions, les BRICS regroupent des pays de tous les continents et diverses cultures, ce qui assure une représentation plus équilibrée de tous les segments de l’humanité. Le cosmopolitisme des BRICS permet de sortir du monde unipolaire dans lequel une seule civilisation imposait son refrain culturel et idéologique sans la moindre possibilité de négocier ou de choisir », a-t-elle ajouté. Agnès Adélaïde METOUGOU pense que, sur le plan politique, les Africains peuvent saisir cette opportunité pour échapper, en partie, aux diktats imposés par l’Occident.
En réponse à la question sur la capacité des pays africains à traiter d'égal à égal avec les BRICS, l'interviewée a été explicite. Les Africains devront renforcer leur capacité de négociation, ce qui nécessite l'union des pays du continent africain. Cependant, même unis, ils devraient diversifier leurs partenariats en établissant des relations avec d'autres acteurs internationaux.
Si la Banque de développement des BRICS offre plus de marge de manœuvre aux autorités des pays africains de se soustraire à l’obligation de comptes rendus aux populations, Agnès Adélaïde METOUGOU estime qu’il n’y a pas de péril en la demeure. « Sur cette question, on peut d’ailleurs rétorquer que les conditionnalités des bailleurs occidentaux n’ont pas préservé ces pays de la dictature et moins encore des crises de surendettement. », a-t-elle déclaré avant d’ajouter « Pour nous, l’adaptabilité de cette nouvelle banque lui donne la possibilité de mieux négocier les réformes politiques et sociales avec ses partenaires africains et de mieux tenir compte des contextes spécifiques ».
Avant de mettre un terme à ses propos, Agnès Adélaïde METOUGOU s’est prononcée sur la renaissance du panafricanisme, un sujet qui focalise l’attention dans plusieurs débats entre Africains. Le panafricanisme, souligne-t-elle, est un « mouvement porteur d’espoir pour une Afrique unie et prospère ».