25/05/2023.- Ce jeudi 25 mai 2023, à l'occasion de la Journée mondiale de l'Afrique, Tournons La Page (TLP) publie un rapport intitulé « En Afrique, la répression en toute discrétion : État des lieux des coupures d’Internet en Afrique depuis 2014 ». Depuis sa création en 2014, TLP a constaté que le travail de ses militant.e.s en faveur de la démocratie est mis à mal par des coupures récurrentes d’internet. Sur les 14 pays africains où Tournons La Page mène des activités, 13 ont eu recours à des coupures d’Internet partielles ou totales. Ce rapport dresse un bilan des coupures internet auxquelles nos membres ont été confrontés et leurs conséquences sur l’espace civique.
Dans un monde ultra connecté, Internet est devenu un outil central pour des millions de personnes, que ce soit pour le travail, le lien avec les proches ou l’organisation collective, notamment lors de manifestations ou d’élections. Ayant compris cela, les régimes répressifs n’hésitent pas à couper partiellement ou totalement Internet à l’approche des possibles moments de crises, violant ainsi le droit international et mettant en péril leur économie.
Ainsi, depuis le lancement de Tournons La Page en 2014, le continent africain a connu au moins 142 coupures Internet dans 35 pays. Cette généralisation est d’autant plus inquiétante que bien souvent, de grandes répressions sont organisées lors des coupures, cachées des yeux de la communauté internationale. Ce rapport donne à voir un focus géographique pertinent : d’après le journal Le Monde, le continent africain est touché par une coupure internet sur six, et il est aussi celui où la politique est le sujet qui préoccupe le plus les internautes. Dès lors, sachant que l’Afrique est elle aussi frappée par une tendance globale au recul démocratique, il apparaît crucial de prendre en compte ces nouvelles formes de répressions.
Les nombreux témoignages regroupés dans ce rapport mettent en lumière la difficulté pour nos membres de documenter les violations des droits fondamentaux, de coordonner des activités collectives et de veille électorale en raison des coupures internet.
Tournons La Page recommande :
Aux États :
- D’être transparent sur les actions numériques du gouvernement afin de rétablir la confiance avec la population ;
- De créer des infrastructures résilientes avec de nombreux points d’interconnexion répartis dans l’ensemble du territoire afin de rendre plus complexe la coupure générale par un gouvernement ;
- D’identifier les meilleures pratiques pour résoudre les problèmes sans avoir recours à la coupure d’Internet (coopération entre les fournisseurs de service et les autorités pour contrer les contenus illégaux, sensibilisation des citoyens sur ce qui est légal et ce qui ne l’est pas…) ;
- D’Impliquer la société civile dans la rédaction de lois numériques pour la protection des citoyens ;
- De mesurer le coût d’une coupure et ses impacts sur la population et les infrastructures du pays.
Aux compagnies de télécommunication :
- D’utiliser tous les moyens légaux à leur disposition pour empêcher la mise en oeuvre d’une coupure qui leur a été demandée et, si cette coupure doit néanmoins avoir lieu, empêcher ou atténuer autant que possible les effets négatifs que cette mesure aurait sur les droits humains ;
- De prendre toutes les mesures légales pour permettre la divulgation complète des informations sur les interférences.
À la société civile :
- De suivre l’impact des coupures d’Internet et demander aux gouvernements de faire preuve de transparence et de rendre des comptes au sujet des coupures d’Internet ;
- De connaître les lois nationales du numérique pour continuer de mener des actions légales ;
- De former ses membres à la sécurité numérique pour contribuer à leur protection.
Le 25 mai 2023
Tournons La Page
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Contact presse :
Moyra OBLITAS
Chargée de communication à Tournons La Page
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