À l’occasion des deux ans des restrictions de manifestation au Togo, Tournons La Page, Civicus et 9 organisations d’Afrique de l’Ouest appellent le gouvernement togolais à mettre fin aux restrictions du droit de manifester et à garantir sans exception les libertés de réunion, d’expression, d’opinion et de la presse. Depuis deux ans, la pandémie de Covid-19 a été le prétexte à une restriction massive de ces droits collectifs par le gouvernement Togolais.
Le gouvernement a restreint les espaces de liberté et surtout refusé toute manifestation publique sous prétexte des mesures sanitaires dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 alors que depuis fin janvier, moins de 50 cas par jour ont été recensés et moins de 10 depuis février. Les libertés de réunion et de manifestation sont pourtant consacrées par l’article 30 de la Constitution togolaise.
Cela fait maintenant deux ans, depuis le 16 mars 2020, que les rassemblements de plus de 100 personnes sont interdits du fait de l’instauration d’un état d’urgence sanitaire. Cette mesure a connu un durcissement le 3 juillet 2020 où l’Assemblée nationale a adopté une ordonnance interdisant tout rassemblement autre que professionnel de plus de 15 personnes sur la voie publique ou dans un lieu public. En septembre 2021, l’état d’urgence est reconduit pour un an.
« Les libertés de réunion et d’association garanties par l’adoption en 2017 des « Lignes directrices sur la liberté d’association et de réunion » par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) et les principes de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme tels que la reconnaissance de la dignité des personnes, les droits inaliénables et le régime de droit sont violés depuis plusieurs années en toute impunité par le gouvernement togolais. » a déclaré David Dosseh, coordinateur de Tournons La Page Togo.
Aux interdictions de manifestation systématiques s’ajoutent un climat nocif pour les droits humains en général. Les deux dernières années ont été ainsi marquées par le nombre croissant de prisonniers politiques détenus arbitrairement et la pénalisation du délit de presse dans le Code de la presse de 2020. Les arrestations et détentions arbitraires de militants de droits humains, de journalistes et d’opposants politiques, ne datent pas des restrictions de manifestation de 2020 et sont très fréquentes au Togo. Récemment, deux journalistes, Ferdinand Ayité et Joel Egah ont été arbitrairement détenus pendant une vingtaine de jours pour avoir tenu des propos critiques envers le gouvernement, avec eux Isidore Kouwonou, militant des droits humains, a été placé sous contrôle judiciaire en décembre 2021. En début d’année 2022, cinq militants du Parti National Panafricain (PNP), parti d’opposition, ont été arrêtés.
Tournons La Page, Civicus et 6 organisations d’Afrique de l’Ouest appellent les autorités togolaises à mettre fin, sans délai, aux restrictions drastiques et illégitimes de la liberté de manifestation, à garantir sans exception la liberté d’expression, d’opinion et de la presse et à la libération des détenus politiques du Togo.
CONTACTS PRESSE :
David Dosseh
Coordinateur national, Tournons La Page Togo
davido2k@yahoo.fr
+228 90 32 82 76
David Kode Responsable du plaidoyer et des campagnes,
CIVICUS
David.Kode@civicus.org
+27 73 775 86 49
Organisations signataires
1. Association Mauritanienne de Promotion de l’Education des Filles (AMPEF)
2. Civicus
3. Coalition des Défenseurs des Droits Humains-Bénin (CDDH-Bénin)
4. Coalition Burkinabè des Défenseurs des Droits Humains (CBDDH)
5. Coalition Ivoirienne des Défenseurs des Droits Humains (CIDDH)
6. Coalition Malienne des Défenseurs des Droits Humains
7. Coalition Togolaise des Défenseurs des Droits Humains (CTDDH)
8. Coordination des Organisations de Défense des Droits Humains - Guinée (CODDH)
9. Institut des Médias pour la démocratie et les Droits de l'Homme (IM2DH)
10. Réseau Nigérien des Défenseurs des Droits Humains (RNDDH)